Renaissance : XVI ème siècle

Au XVI ème siècle,

Hervé de Carbonnel s’impose comme une figure d’envergure nationale. Il cumule de hautes charges : gouverneur de Saint-Lô, baron du Hommet, gouverneur d’Avranches, lieutenant du roi dans les bailliages du Cotentin et d’Alençon, conseiller des rois Henri III puis Henri IV, et chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit, la plus haute distinction honorifique du royaume.

En 1588, il épouse Anne de Matignon, fille du maréchal de France Jacques II Goyon de Matignon, comte de Torigny, lieutenant général de Normandie, maire de Bordeaux (fonction qu’il exerce après avoir succédé à son ami Michel de Montaigne) et gouverneur de Guyenne. Par cette alliance prestigieuse, les seigneurs de Canisy deviennent apparentés à la maison Grimaldi, famille princière régnante sur Monaco, également descendante de Jacques II de Matignon.

C’est dans ce contexte qu’Hervé de Carbonnel entreprend la transformation du château médiéval de Canisy en s’inspirant du château de Torigny. Il fait appel à l’architecte François Gabriel, issu de la célèbre lignée d’architectes royaux. Quelques décennies plus tard, cette dynastie Gabriel s’illustrera à Versailles et dans les plus grands projets du royaume. L’un de ses descendants, Ange-Jacques Gabriel, deviendra le premier architecte des rois Louis XV et Louis XVI. On lui doit notamment le Petit Trianon, l’École militaire, le château de Compiègne ainsi que l’aménagement monumental de la place de la Concorde.

À Canisy, François Gabriel est chargé de la reconstruction complète d’une aile du château dans le style Renaissance. Il utilise pour cela la même pierre qu’à Torigny : la pierre de poudingue, extraite de la carrière des Troisgots. Canisy constitue aujourd’hui, avec le château de Dampierre et les vestiges de Torigny, l’un des rares édifices français à présenter des façades réalisées dans ce matériau caractéristique. L’architecte y réalise également un monumental escalier en granit, desservant la galerie du premier étage.