Durant la Seconde Guerre mondiale, le château de Canisy fut le témoin direct des bouleversements tragiques de son époque. Alors âgée d’une vingtaine d’années, Brigitte de Kergorlay assista, avec effroi, à l’entrée des troupes allemandes franchissant la porte principale de la demeure familiale. Cette intrusion fut vécue comme une épreuve « terrible et horrifiante ». Son grand-père, ancien combattant de la Première Guerre mondiale, profondément humilié de voir l’ennemi occuper les lieux, refusa catégoriquement de leur adresser la parole, bien qu’il maîtrisât parfaitement l’allemand. C’est donc Brigitte qui assura le rôle d’interprète auprès des officiers allemands.

Le 24 juillet 1944, à la suite de la libération de la péninsule du Cotentin, la 4e division d’infanterie américaine s’installe aux abords de Canisy. Le lendemain, le 25 juillet, la ville est bombardée par l’U.S. Army Air Forces dans le cadre de l’opération Cobra. Par un concours de circonstances favorable, le château échappe aux destructions : les forces allemandes l’avaient transformé en hôpital militaire, ce qui, conformément aux conventions de Genève, lui conférait un certain degré de protection.
Le 26 juillet à 9h45, les troupes du 66th Armored Regiment de la 2nd Armored Division, accompagnées du 22nd Infantry Regiment de la 4th Infantry Division, se dirigent vers Canisy. Les forces allemandes en présence, désorganisées et affaiblies, sont issues de la Panzer-Lehr-Division 130, de la 3e division parachutiste (3. Fallschirmjäger-Division) et de la 352e division d’infanterie. Le village et le château sont libérés sans résistance notable.

Dans les jours qui suivent, le château de Canisy est investi par l’état-major de la Première Armée américaine. Il devient un quartier général stratégique, accueillant des figures militaires majeures telles que les généraux Omar Bradley, Courtney Hodges, J. Lawton Collins et le maréchal britannique Bernard Montgomery. Des décisions cruciales pour la suite des opérations vers la Bretagne y sont prises. Le château héberge successivement plusieurs unités américaines : les 1re, 4e, 9e et 30e divisions d’infanterie, ainsi que les 2e et 3e divisions blindées.

Quelques mois plus tard, dans un climat plus serein, Brigitte de Kergorlay reçoit un hommage inattendu : le général Omar Bradley lui organise une fête d’anniversaire surprise au château. Elle se souvient, avec émotion, d’un gigantesque gâteau orné de drapeaux français et américains, qu’elle qualifia comme le plus bel anniversaire de sa vie. Cet instant, à la fois intime et symbolique, reflète la dualité historique du lieu : entre l’ombre de l’occupation et la lumière de la libération, entre douleur et espoir.

Non loin du domaine, un cimetière militaire allemand rappelle la violence des combats. Jusqu’en 1952, des soldats allemands et américains y reposèrent côte à côte, avant que les dépouilles américaines ne soient transférées vers les grands cimetières militaires, tels que ceux de Saint-James ou Omaha Beach. Le château reçut également la visite de personnalités éminentes telles que le général Stout et le général Theodore Roosevelt Jr., renforçant ainsi son statut de lieu emblématique de la Seconde Guerre mondiale.

 

Quelques mois plus tard, dans un climat plus serein, Brigitte de Kergorlay reçoit un hommage inattendu : le général Omar Bradley lui organise une fête d’anniversaire surprise au château. Elle se souvient, avec émotion, d’un gigantesque gâteau orné de drapeaux français et américains, qu’elle qualifia comme le plus bel anniversaire de sa vie. Cet instant, à la fois intime et symbolique, reflète la dualité historique du lieu : entre l’ombre de l’occupation et la lumière de la libération, entre douleur et espoir.
Non loin du domaine, un cimetière militaire allemand rappelle la violence des combats. Jusqu’en 1952, des soldats allemands et américains y reposèrent côte à côte, avant que les dépouilles américaines ne soient transférées vers les grands cimetières militaires, tels que ceux de Saint-James ou Omaha Beach. Le château reçut également la visite de personnalités éminentes telles que le général Stout et le général Theodore Roosevelt Jr., renforçant ainsi son statut de lieu emblématique de la Seconde Guerre mondiale.

 

Le 8 septembre 1945, le château de Canisy est officiellement classé monument historique, en reconnaissance de son importance patrimoniale et symbolique. Plus tard, le 8 juin 2009, l’ensemble du domaine est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, confirmant son statut de haut lieu de mémoire, d’histoire et de culture.
Parmi les événements marquants de la seconde moitié du XXe siècle figure la visite de délégations officielles telles que celle de la République Populaire de Chine, conduite par l’ambassadeur Chai Zi Min. Ces rencontres illustrent l’ancrage du château dans les dynamiques contemporaines d’échanges internationaux et de diplomatie culturelle, au croisement de l’histoire vivante, de la mémoire partagée et de la représentation diplomatique.

 

Au fil des décennies, le château de Canisy s’est imposé comme un site de mémoire au rayonnement international. Il demeure aujourd’hui un témoin privilégié non seulement de l’histoire du Débarquement et de la Libération, mais aussi de la responsabilité universelle de préserver la paix. Ce message trouve un écho puissant face aux tragédies contemporaines, telles que celles survenues dans l’ex-Yougoslavie, confirmant la vocation de Canisy comme espace de transmission, de dialogue et de réconciliation.